Retour sur la rencontre du 27 Juin à La Piscine

Par Samy • Evénements • 5 juil 2013

Cette journée d’échanges a permis de croiser les regards d’élus, de techniciens, de citoyens, de travailleurs sociaux et d’architectes autour du projet d’aménagement de conteneurs maritimes en habitat mobile. Au fil de la journée, les contours et le contenu du projet initial ont évolué.

Le projet en bref, un habitat alternatif et digne

A La Place, à La Piscine puis à Perce-neige, les containers convertis ont été conçus, aménagés, installés, testés, habités… C’est une forme d’habitat qui a fait ses preuves. Le projet entend poursuivre dans cette logique d’innovation.

Entre hébergement provisoire et habitat alternatif, l’idée d’un village de containers occupant des terrains en friche répond avant tout à l’objectif de trouver une manière digne d’habiter différemment.

•       Au-delà du plan hivernal
Le projet n’entend pas résoudre la question de l’hébergement hivernal en «concurrençant» les entreprises de location de cabines de chantier. Il s’inscrit dans l’invention d’autres formes d’habiter. En fonction des terrains et des appuis, il demande à pouvoir se projeter sur plusieurs années.

•        Les publics
Les personnes attendues sont les personnes en grande errance, celles qui ne trouvent leur place ni dans des logements classiques, ni dans les structures d’accueil existantes. Les personnes avec addictions, les personnes qui ont des animaux… Ce qui implique de dessiner à la fois une maison, un logement de plein pied, un toit adapté, mais aussi de repenser l’ensemble du lieu : village ? logement collectif ? logement individuel ?…

•        Du village aux « hameaux »
Le projet initial envisageait la création d’un village de containers avec une dizaine d’habitations. Les échanges ont fait évoluer l’idée vers la création de lieux de vie de plus petite dimension et diffus. Autrement dit, disséminé sur le territoire. Les personnes ne sont plus considérées comme des
« hébergés » mais comme des habitants. Ces hameaux restent mobiles mais sur des échelles de temps plus longues (au-delà de la saison hivernale). Ils se structurent autour d’un espace partagé et sont constitués de 3 ou 4 unités d’habitations (voir annexe – atelier 2).

•        L’accompagnement social : s’insérer dans l’existant
Quelle place est donnée aux travailleurs sociaux dans ces lieux de vie ? Une piste à creuser pourrait
être de s’appuyer sur le réseau existant : sans créer de nouveaux postes spécifiques pour ces hameaux, les travailleurs sociaux qui accompagnent déjà ce type de populations se déplaceraient ponctuellement jusqu’au lieu de vie.

•        La piste des bailleurs sociaux ?
Pour envisager qu’un hameau de containers soit porté par un bailleur social, ils doivent se rapprocher au plus près d’un logement classique, que ce soit en terme de réglementations, de sécurité ou de confort minimum.
Gage de stabilité, un bailleur social serait un collaborateur précieux qui permettrait de bénéficier
d’un haut niveau d’expertise et de partenariats solides.
Dans cette hypothèse, le bailleur social serait propriétaire des containers, prendrait en charge leur entretien et les louerait à des associations d’hébergement et de réinsertion sociale. Ces associations pourraient alors se passer la main sans que la capacité d’accueil soit impactée. L’éducateur spécialisé serait l’interlocuteur direct des hébergés, à l’interface avec le bailleur social.

•        Un budget estimé qui tend encore à s’affiner
Il est estimé que la conversion d’un container en habitat mobile coûte 29 200 € TTC. Par pair, il est possible de réaliser des économies. Ainsi, nous évaluons le coût de conversion de deux containers en habitat mobile à 50 200 € TTC. Enfin, nous estimons le coût de réalisation d’un hameau, comprenant quatre unités de vie et un module sanitaire (individuel pour chaque logement) à 111 050 € TTC.

•        Une rentabilité recherchée sur 5 à 10 ans par rapport à la réponse classique
Le coût moyen de location d’un Portakabin est de 250 €/mois TTC. Rapporté à l’année, ce coût revient à 3000 €. En 10 ans, le coût d’investissement revient à celui d’un conteneur.
Pour pondérer ce calcul rapide, il va falloir comparer de la même manière le coût des charges en énergie, le coût d’entretient, l’énergie grise dépensée, les frais de gestion, de mobilité et les qualités spatiales. Il faudra aussi envisager de faire appel à des financements privés, afin de réduire le coût d’investissements de la collectivité.

 

Les questions et les pistes évoquées lors des ateliers

 

Architecture et organisation spatiale

Les bénéficiaires ?
Pour des personnes isolées ou en couple, il faut privilégier de l’hébergement individuel.
Il faut aussi laisser la possibilité d’être seul et d’accueillir ponctuellement. Prévoir des sanitaires individuels, un espace de kitchenette afin de permettre un minimum d’autonomie. Prévoir des espaces collectifs en dehors des unités d’habitations pour que les hébergés puissent s’y retrouver et partager des activités communes.

Un lieu de travail et de stockage pour les travailleurs sociaux qui viennent ponctuellement ?

Quel confort pour les espaces extérieurs ?
Le concept de container permet une surface de logement de 12 m2 (6 m x 2 m) avec en plus, 5 m2 minimum de terrasse couverte.

Évolutions des propositions d’organisation d’un hameau, aménagements extérieurs
Intègre un module sanitaire central accessible par les quatre logements.
Permet de bénéficier d’une salle d’eau individuelle de 1,75 m x 3 m, soit de 5,25 m2. Cette disposition du hameau permet un éclairage naturel semblable aux 4 modules.

Proposition d’aménagement d’un container maritime
Hiérarchiser les espaces
Espace plus intime, au fond du container avec la couchette et de grands rangements.

Choix : placer les sanitaires entre l’espace intime et l’espace de vie.
Cette disposition permet d’accéder aux sanitaires sans traverser l’espace personnel.
L’espace moins privé intègre la kitchenette avec un point d’eau, des plaques électriques et un frigo.
Deux baies vitrées donnent au sud-est ou au sud-ouest, suivant les modules.
L’espace détente est situé au plus prés des ouvertures extérieures.
Possibilité d’occulter complètement les porte-fenêtres par les portes du container ou par un volet.

 

GESTION, ACTEURS, IDENTIFIER LES INCONNUS : Aspects sociaux et institutionnels

Quel public visé ? Qui porte le projet, qui en est le propriétaire ? Où ? Comment le faire admettre ? Sous forme de débat.

•        Public visé, à qui s’adresse ce hameau de conteneurs ?
Pour des sans abri avec ou sans chien, des personnes avec un long parcours de rue, en grande errance.
Exemple du CHRS Carteret à Lyon, qui accueil des hébergés, avec leurs animaux lorsqu’ils en ont, soumis à n’importe quels problèmes d’addiction.
Il y a un réel besoin de ce type d’hébergement qui accueil des hébergés sur le long terme. Pourtant, l’orientation des politiques publiques n’admet pas ce type d’hébergements pérennes.

•        Pourquoi l’hébergement des grands exclus est principalement conçu en collectif ?
Il faut se questionner sur un nouveau mode d’habiter.

•        Pertinence d’un hameau d’hébergement ?
Les avantages recherchés sont : un petits lieux de vie, plus souple. Sa gestion serait assurée par le réseau de structure sociale. Il faut imaginer la possibilité d’en installer plusieurs, dans les zones délaissées des agglomérations et au sein de petites communes satellites.

•        Bailleur social
Un Office Public d’Aménagement et de Construction ? Une Entreprise Sociale pour l’Habitat ? Pourquoi pas envisager un modèle de « Community Land Trust » ?
La « Community Land Trust » consiste à acquérir des terres et les gérer comme un bien commun,
porté par la société civile.
Elle implique une gouvernance tripartite, constituée par trois types de propriétaires :
-    Usagers du terrain
-    Riverains qui les soutiennent
-    Pouvoirs public
Elle permet de produire un habitat accessible de façon pérenne. Elle se base sur le retrait du sol du marché et sur une formule de revente qui évite la perte des aides financières investies et qui évite les effets de la spéculation immobilière.
Des questions restent en suspend : Qu’est ce qu’implique la « CLT » ? Comment est entretenu la relation au voisinage ? Quel est la part d’appropriation ?

•        Exemple de financement d’organismes
Réseau Paul Bert à Bordeaux : il est un espace d’accueil pour les des personnes en situation
d’exclusion, bénéficiant à la fois de financements publics et privés.
L’association Toit à moi à Nantes : elle ne bénéficie pas de financements public ce qui lui
permet de conserver une liberté de mouvement, une gouvernance indépendante.

•        Fonctionnement du hameau d’hébergement ?
Constitué de un à quatre modules pour quelques personnes qui veulent habiter ensemble. L’hébergé est chez lui, il paie son loyer, il peut bénéficier des APL.
Le  séjour  est  souple  et  individualisé,  avec  un  seuil  d’exigence  bas,  un  principe  d’accueil
inconditionnel, à l’exception de règles minimums, co-construites avec les hébergés.
L’accent est mit à la réductions des risques liés à l’usage des drogues, au principe de non abandon,
de la stabilisation des hébergé à leur accompagnement à l’accès au droit.

•        Responsabiliser l’hébergé
L’éducation et la prévention pour les hébergés est faite sous forme de partenariat avec des structures sociales (éducateurs spécialisés, médecins, psychiatres, …) qui gravitent autour des hameaux. Leurs présence est ponctuelle.

•    Qu’est-ce qu’implique la mobilité et la temporalité des hameaux ?
Les terrains qui peuvent être mis à disposition sont vacants en fonction du développement urbain des communes et dans des temps limités. Le hameau doit être adapté à ces conditions.
Le but est de bénéficier d’un foncier dont la valeur est dépréciée lorsqu’il reste vacant .

•    Comment transformer l’image de ce type d’hébergement d’urgence par une image de logement décent ?
Sortir d’une logique de mise à l ‘abri pour appréhender une solution décente d’habitat.
Se donner des objectifs de performances thermiques, d’accessibilité handicapée, de qualité de l’éclairage naturel, de respect des normes électriques, …
Répondre a un soucis esthétique du lieu, puisque l‘image qu’il renvoi est importante aux yeux des
hébergés, comme des personnes extérieures (riverains, élus, …).

•    Qui en est le propriétaire ?
La question reste encore ouverte.
Un OPAC, un bailleurs social, une association ?
Problématique liée à la mobilité des hébergements, de l’accession et de la viabilisation des terrains. Comparaison avec une cabine de chantier louée ?
Rentabilité du projet sur cinq ans ? Dix ans ?

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